UNE RÉFÉRENCE
EN FORMATION CONTINUE
POUR LES CHIMISTES ET LES BIOCHIMISTES
8 JUIN 2018
Communiqué
Les agents chimiques de contrôle de foule : pas de certitudes scientifiques pour démontrer leur innocuité à moyen ou à long terme.
Les personnes qui souhaitent être présentes lors des manifestations anti-G7 et qui sont vulnérables sur le plan de leur santé ou de leur condition physique pourraient vouloir s’abstenir, estime M. Yvan Ouellet, président de l’Association des chimistes et des biochimistes du Québec. Dans notre société, la liberté d’expression est fondamentale, mais la santé l’est également. Or, il y a des lacunes dans les connaissances sur la chimie, la biochimie et la toxicité, et donc sur la sécurité des agents chimiques de contrôle de foule (ACF).
Selon M. Yvan Ouellet, « les connaissances scientifiques actuelles sont insuffisantes quant aux dangers réels à moyen ou à long terme des agents chimiques de contrôle de foule».
Une revue de la littérature scientifique réalisée par l’ACBQ permet de conclure que les connaissances sont malheureusement incomplètes quant aux effets à moyen ou à long terme des ACF. Quant aux effets à court terme, il est plutôt rare de voir des maladies graves ou des décès. L’explication est assez simple : les effets aigus à court terme résultant de l’exposition à ces substances sont suffisamment incommodants pour que ceux et celles qui y sont exposés s’éloignent rapidement de l’agent qui leur cause problème et, par conséquent, les personnes ne sont pas exposées sur une période prolongée, sauf exceptions.
Les deux principales substances utilisées comme agents chimiques de contrôle de foule sont le poivre de cayenne ou oléorésine de Capsicum (OC) et le CS, ou o-chlorobenzylidène malononitrile.
Pour le poivre de cayenne, substance naturelle ne veut pas dire absence de danger, puisqu’on a vu, par exemple, des problèmes important de lésions de la cornée à la suite d’attaques par le poivre. Quant au CS, c’est un produit solide au départ. Ce n’est donc pas un gaz, contrairement à cette légende urbaine. Cette poussière plus dense que l’air devient comme un brouillard à l’aide de substances pyrotechniques. Il y a également des adjuvants, notamment des solvants, qui accompagnent l’ingrédient actif et qui peuvent servir à compléter ce cocktail.
Même si on ignore les dangers réels des ACF, il y a tout de même des données qui indiquent que ces agents ne sont pas tout à fait inoffensifs : par exemple, sur 1150 blessures dues à l‘utilisation du CS, 28 % étaient des blessures sévères, dont notamment des atteintes respiratoires. Même si la majorité des personnes semble récupérer de ces atteintes, on ne connaît pas les effets à moyen et à long terme sur la santé.
Les citoyens les plus vulnérables pourraient donc adopter le principe de précaution raisonnable et conclure qu’en présence de risques inconnus à la santé à moyen et à long terme, mieux vaut s’abstenir de participer aux manifestations du G7 à mois d’être équipés d’une protection adéquate.
En vertu de la convention de Genève sur les armes chimiques, les ACF ne doivent pas être utilisés lors de conflits armés, mais ils sont quand même utilisés comme agents de contrôle de foule lors de manifestations chez des civils.
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L’Association des chimistes et des biochimistes du Québec (ACBQ) est une association professionnelle nationale de chimistes et de biochimistes provenant de toutes les régions du Québec, qui oeuvrent dans plusieurs domaines du secteur privé et du secteur public. L’Association regroupe notamment des analystes en laboratoire, des toxicologues, des chimistes de formulation, des chimistes et biochimistes alimentaires, et des biochimistes cliniques. Les membres sont voués, individuellement ou collectivement, à l’éducation du public et ils contribuent à la protection du public.
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Source
Yvan Ouellet, chimiste, président de l’Association des chimistes et des biochimistes du Québec
Cellulaire 581-888-0544
ACBQ COMM 180608 1010